La Chine achète du bois dans la région wallonne du sud de la Belgique lors d’une vente aux enchères annuelle, qu’elle revend ensuite aux Européens à un prix beaucoup plus élevé, selon une enquête de la Deutsche Welle en collaboration avec Digi24.
« Les coûts du Cresc. Nous terminons les commandes et vendons moins cher que nous achetons. Le prix du bois augmente plus vite que nous pouvons travailler », explique Alin Goblet. Les affaires étaient bonnes avant. En ces temps de changement climatique, le bois de qualité, comme le chêne, est devenu encore plus précieux. Et même les grumes de qualité inférieure se vendent très bien.
Le bois des forêts locales est vendu une fois par an lors d’une vente aux enchères organisée par les municipalités, qui a toujours rapporté des sommes considérables. Mais cette année, la modeste vente aux enchères de Sivry-Rance a réservé une surprise : deux négociants ont acheté 95 % de l’ensemble du bois proposé pour une somme record afin de l’exporter vers la Chine. « Nous avons fait deux fois plus que ce que nous avions estimé en début d’année, ce qui est énorme. Le problème est que si cette situation se répète, dans quelques années, il n’y aura plus de concurrence.
Si des sommes record sont injectées sur le marché, les gens et les scieries de la région feront faillite. Ils ne peuvent pas rivaliser avec les acheteurs étrangers, notamment chinois », admet Jean-François Gatelier, maire de Sivry-Rance.
Les grumes sont envoyées en Chine pour y être transformées
La Chine renvoie les grumes chez elle pour qu’elles soient transformées, éliminant ainsi les gardiens européens du processus. Le bois est une marchandise recherchée en Chine, mais le gouvernement souhaite également protéger la nature : le président Xi Jinping a interdit l’exploitation forestière en Chine pour les 99 prochaines années.
« L’État chinois dispose de fonds et subventionne les entreprises pour qu’elles achètent du bois à l’étranger, afin qu’elles ne coupent pas le chêne chinois. Mais cela crée une concurrence déloyale et pourrait rapidement détruire la filière bois européenne – belge, française et allemande », déclare Jean-François Gatelier, maire de Sivry-Rance.