L’arrêt des livraisons de gaz russe provoquerait une grave récession en Europe de l’Est et en Italie si les pays du monde entier décidaient de constituer leurs propres réserves limitées, a averti mardi le Fonds monétaire international, dans un souci d’encourager la solidarité entre les pays, rapporte ft.com.
Selon le FMI, 42 % des importations de gaz de l’UE proviennent de Russie, mais pour huit États membres de l’UE, les approvisionnements russes représentent plus de 50 % des importations de gaz.
La consommation européenne de gaz a déjà chuté de 9 % cette année, ce qui a fait perdre 0,2 point de pourcentage au PIB de l’Union européenne, selon le FMI, mais les simulations de l’institution financière montrent que sans mesures compensatoires, les dégâts pourraient être bien plus importants l’hiver prochain. La semaine prochaine, les fonctionnaires de Bruxelles devraient demander aux pays membres de réduire « immédiatement » leur consommation de gaz.
Selon les calculs du FMI, l’économie européenne pourrait faire face à une réduction de 70 % des approvisionnements en gaz russe, mais des problèmes se poseraient en cas d’arrêt complet. Les pays européens les plus touchés pourraient accéder à des approvisionnements inférieurs de 15 à 40% à leurs besoins. La Hongrie, la Slovaquie et la République tchèque ont un niveau élevé d’utilisation du gaz russe, tandis que l’Italie est vulnérable en raison de l’utilisation accrue du gaz dans la production d’électricité.
L’impact le plus grave se produirait si le gaz n’était pas partagé entre les États européens, en raison de goulets d’étranglement physiques aux livraisons et de la décision des États individuels de stocker, mais aussi si les ménages étaient protégés des prix élevés par les gouvernements et ne limitaient donc pas leur consommation de gaz en hiver pour le chauffage.
Le Fonds recommande aux gouvernements qui souhaitent protéger les ménages vulnérables contre la hausse des coûts de proposer des subventions forfaitaires et des augmentations de revenus. Cela maintiendrait les incitations pour les personnes à limiter leur consommation de gaz.
Si l’Europe fait preuve de solidarité entre les États et intègre son marché dans le marché mondial du gaz liquéfié, la Russie ne pourra pas précipiter l’UE dans une grave récession l’hiver prochain. Dans le scénario le plus optimiste, l’arrêt des livraisons de gaz russe ne réduirait le PIB de l’UE que de 0,4 % et seule la Hongrie subirait une contraction économique de plus de 1 %.