Les Serbes sont appelés, dimanche 3 avril, à élire leur président, leurs députés et certains représentants locaux. Cinq ans après son arrivée à la présidence, Aleksandar Vucici considère ces élections comme un plébiscite pour ses politiques. Dans le même temps, face à un leader national-conservateur de plus en plus autoritaire, l’opposition serbe a du mal à exister, commente L’Echo.
Le parti de M. Vucici est considéré comme le favori avec 45 % des voix, loin derrière la coalition Serbie unie, créditée de 20 %. Serbie unie regroupe des partis issus du Parti démocratique, arrivé au pouvoir dans les années 2000 et aujourd’hui moribond. En troisième position se trouve une alliance verte et unie, Moramo, autour de 6-7%. Immédiatement derrière Moramo se trouvent les socialistes, les descendants de l’ancien dirigeant autocratique Slobodan Milosevic, qui sont devenus des alliés opportunistes du président Vucici.
Révolte environnementale
Ces derniers mois, cependant, la Serbie a connu un fort soulèvement environnemental, qui s’est coalisé autour de la résistance à la frénésie minière, mais qui s’appuie également sur d’autres luttes environnementales, comme celle pour la qualité de l’air.
« Je suis entré en politique sur la base de cette révolte », explique à L’Echo Dobrica Veselinovici, un trentenaire qui ouvre la liste municipale de Moramo dans la capitale Belgrade. « Pour montrer qu’il existe une alternative plus durable pour le développement de la Serbie », ajoute-t-il.
Cette nouvelle force est constituée de diverses composantes de mouvements civiques pluralistes, de la gauche radicale à la droite très conservatrice. Leur combat a fini par inquiéter Aleksandar Vucici, qui a gelé à la mi-janvier le projet de mine géante de lithium de la multinationale anglo-australienne Rio Tinto dans l’ouest du pays. Mais beaucoup considèrent cette décision comme opportuniste et peu fiable.
Équilibre diplomatique
Mais la guerre en Ukraine a soudainement remodelé les livres de campagne électorale de la Serbie, éclipsant les questions environnementales, les scandales de corruption et l’inflation galopante. Fin stratège, Aleksandar Vucici a soumis tous ses rivaux au « test du patriotisme », pointant du doigt leurs contradictions sur des questions telles que les relations avec la Russie, la position sur l’OTAN et la question compliquée du Kosovo en Serbie.
« La Serbie ne doit pas laisser la guerre en Ukraine devenir la question principale », a rétorqué le principal rival de Vucici à l’élection présidentielle, l’ancien général Zdravko Ponos, appelant ses compatriotes à se concentrer « sur les questions nationales ».
Mais le dirigeant de Belgrade semble s’être imposé le délicat exercice d’équilibrage diplomatique fondé sur l’affichage par Belgrade de sa « neutralité », c’est-à-dire la reconnaissance de l’intégrité territoriale de l’Ukraine mais l’évitement des sanctions contre Moscou. En outre, il a continué à subordonner sa presse et à inonder les médias sociaux de sa propagande pour rendre ses opposants encore plus invisibles. Ce sont des tactiques utilisées notamment par Viktor Orban, le premier ministre de la Hongrie voisine, conclut L’Echo.